Histoires de papiers
20 avril - 24 juillet 2022
Plus léger que l'argile et le bambou, moins coûteux que la soie ou le parchemin, le papier est une invention humble, mais qui a eu une importance considérable pour l'humanité. L'exposition Histoires de papiers explore l'histoire et le riche patrimoine artistique de ce matériau fragile, indispensable à l'archivage et au commerce, mais aussi aux échanges culturels et intellectuels. Un voyage de 2000 ans, de l'Asie ancienne à l'Europe, en passant par l'Arabie contemporaine, qui se déploie à travers plus de 100 œuvres.
Organisée en partenariat avec le musée du Louvre et France Muséums, Histoires de papier présente des créations contemporaines de Michelangelo Pistoletto, Pouran Jinchi, et Hassan Sharif aux côtés de chefs-d'œuvre célèbres de Katsushika Hokusai, Antonio Pisanello et Pablo Picasso.
Sur tous les continents, le papier est fabriqué à l’aide de végétaux. Les maîtres papetiers ont pour cela recours à deux natures de fibres végétales : les fibres natives, directement extraites de la plante, très prisées pour leur qualité ; et les fibres de récupération, obtenues à partir de textiles réutilisés. Ce sont ces végétaux qui peuvent le distinguer par aires géographiques, époques, et méthode de fabrication.
origine
105
Ts'ai Lun, eunuque de l'office des armes et des outils, présente à l'empereur Heidi des Han un papier obtenu à l'aide d'une pâte faite de fragments de chiffons et de cordages.
usages
En Asie, le papier trouve des applications quotidiennes. Il est employé pour les vêtements, chaussures et couvertures, et même dans les gestes intimes avec l’invention du papier hygiénique. Il peut être huilé pour imperméabiliser les habits, peint pour remplacer la soie, et même tressé pour fabriquer des tenues traditionnelles coréennes. Grâce à son faible grammage et sa résistance à la traction, le papier sert aussi au conditionnement des marchandises.
transparence
1282
Première utilisation du filigrane pour marquer les feuilles de papier. Visible par transparence dans l'épaisseur du papier, il révèle la provenance et la date ou l'époque de fabrication de la feuille.
La transparence et la translucidité sont des qualités pour lesquelles le papier est très recherché. Le papier huilé, le papier pelure ou encore le papier de soie, sont utilisés afin de jouer avec la lumière ou permettre le report. En Orient comme en Occident, le papier est alors employé dans l’architecture. Afin de distinguer leur production, les moulins occidentaux ont créé une marque de fabrication, obtenue à l’aide d’un fil de fer ou de laiton : cette marque s’appelle « filigrane ».
Le papier peut porter en lui les causes de sa destruction. Les composants chimiques directement introduits dans la pâte au moment de la fabrication, pour en influencer la couleur, fragilisent à terme le papier. Il brunit à la lumière et devient plus friable. Paradoxalement, son épaisseur et les conditions climatiques extrêmes, telles que la sécheresse, le préservent. C’est pourquoi, le papier est adopté très tôt dans la fabrication d’armures, de mobilier design ou encore d’architecture.
fragilité et résistance
espace
Le format d’une feuille de papier influence directement ce que l’on choisit d’y représenter. Les paysages chinois « de montagne et d’eau » sont par exemple indissociables de la longueur du rouleau sur lesquels ils sont peints. En Occident, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, l’espace de la feuille est limité aux contours de sa forme. Paradoxalement, la production de papiers de très grand format est ancienne en Chine et au Japon.
La quête d’un papier de couleur est ancienne. La teinte naturelle d’une feuille de papier dépend avant tout de fibres végétales utilisées. Aussi, on distingue les papiers par la technique employée pour les colorer : les papiers préparés, abrasés et colorés en surface ; et les papiers teintés dans la masse, dont la couleur provient directement des pigments introduits dans la pâte au moment de la fabrication.
couleur
malléable
Le papier sait se métamorphoser. Il permet d’esquisser les dessins d’œuvres monumentales à l’aide de cartons préparatoires. De ces métamorphoses émergent parfois une œuvre originale. Ainsi, l’art du papier découpé atteint des sommets en Asie et dans l’Empire ottoman. En Europe, cette pratique est revisitée par des artistes comme Picasso et Matisse au moyen de collages.
reproductible
Fin du Xème - début du XIème siècle
Le Chinois Bi Sheng invente les caractères mobiles pour l'impression. Le papier s'impose comme le support privilégié de l'impression.
Les premières techniques d’impression se développent en Chine dès le VIIe siècle. La xylographie permet en effet d’obtenir plusieurs exemplaires identiques à partir d’une planche de bois entaillée. L’imprimerie à caractères mobiles, inventée au Xe siècle, apparait comme déterminante pour reproduire les œuvres par milliers d’exemplaires. Le papier s’impose alors comme support privilégié pour la diffusion des idées et des images.
collection
La collection se définit à la fois comme un regroupement d’objets autour d’un thème mais aussi comme l’activité consistant à organiser ce regroupement. Le papier est par sa nature un support durable d’archivage et de mémoire. Les manuscrits d’écrivains, ou les séries de dessins préparatoires, documentent par exemple la création d’une œuvre. Les collections peuvent être effectuées selon plusieurs critères et sont parfois accompagnées de raffinements calligraphiques.
VIIIème siècle
Le calife abbasside Hârûn al-Rachîd impose l'utilisation du papier dans l'administration.
substitution
Le papier a rapidement cherché à feindre d’autres matériaux. L’art du papier marbré, né au Japon au XIIe siècle sous la forme du suminagashi, et réalisé à l’aide de presses à main et de planches de bois gravé, a produit des papiers de petit format décorés, gaufrés, ou rehaussés de couleurs et d’or. Avec les objets laqués, les civilisations japonaise, indienne ou iranienne ont fourni des exemples magistraux de papier métamorphosé.
À l’heure où la spectaculaire croissance du numérique semble reléguer au second plan l’usage d’un matériau devenu patrimoine mondial de l’humanité, l’exposition « Histoires de papiers » entend raconter les multiples et fécondes interactions humaines permises par ce médium. Le papier offre une diversité surprenante de possibilités et apparait, encore aujourd’hui, comme l’une des révolutions civilisationnelles les plus pérennes. En témoignent les nombreux artistes contemporains qui placent le papier au coeur de leur démarche artistique. L’œuvre de Michelangelo Pistoletto en est un parfait exemple.
Pour aller plus loin
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